De nombreux lecteurs de mon blog se posent cette question. Il me semblait utile d’y répondre avec le regard du psychologue

 

Que nous dit l’observation ? En cas de crise hypoglycémique, on peut voir apparaître quelques troubles comportementaux : confusion, parole difficile, excitation, énervement, irritation, colère…

Comment comprendre ces changements d’humeur du diabétique ? Allons plus loin dans l’analyse de ce phénomène psychologique.

Par exemple,  s’agit d’une agressivité permanente ? Le sujet était il déjà colérique ? Y a-il des événements stressants qui, ajoutés à la maladie rendent la personne diabétique plus tendue ? Ne vit-il pas une situation personnelle compliquée ? La découverte de la maladie ne l’a-t elle pas affectée au point qu’il s’en protège par des mécanismes de défense de type agressif ?

Des facteurs environnementaux, contextuels et psychologiques s’organisent parfois pour provoquer avec force le changement de comportement.

Revenons au propre de l’hypoglycémie. Un manque de sucre factuel favorise (même chez les non diabétiques) une agitation, une excitation pouvant apparaître comme des signes avant coureurs de l’agressivité.

A l’inverse un apport de sucre apaise rapidement les tensions de l’organisme et calme les émotions vindicatives.

C’est pourquoi le sucre est considéré comme un pacificateur d’excellence (fêtes, anniversaire, célébrations heureuses). Le sucre représente le plein de la vie et comble tous les manques (affectif ou d’estime de soi).

Autre rôle : Il supplée le plus souvent à ce qu’on ne possède pas(la réussite sociale,
le statut, l’argent, la beauté, la culture, l’amour des autres. Dés lors on peut mieux comprendre ce que vit le diabétique. Il doit composer avec le manque (de sucre),
s’en accoutumer.

La colère peut être le résultat d’une difficulté à être dans un contrôle permanent pour ne pas succomber à cette prise de sucre qui fait défaut. Cette retenue qu’il s’impose,
cette tentation qu’il refuse, ce non vouloir de ce sucre qui lui fat tant de bien.

Cet interdit qu’il ne doit pas transgresser ne  rend il pas le diabétique coléreux ?
En colère contre lui même (parce qu’il se sent contraint par les nouvelles obligations liées à la maladie) et en colère contre les autres qui, eux, peuvent se permettre les accès de gourmandise.

Autre aspect à prendre en considération. La colère chez le diabétique s’inscrit dans une chaîne émotionnelle faisant le plus souvent suite à un sentiment  tristesse.
En effet, à l’annonce de la maladie, de son déni, le diabétique fait l’expérience de la perte. Irrémédiablement perte de son état de santé initial, ou il mangeait ce qu’il voulait.
De cette perte, il s’ensuit une profonde tristesse.

Mais après quelques temps, voila donc l’émotion de la colère qui survient contre l’infortune (pourquoi lui ? Cela n’aurait jamais dû arriver) contre la maladie et ses conséquences.
Il ne méritait pas cette situation Colère qui se manifeste alors dans tous les actes de la vie quotidienne, et malheureusement avec les proches (femme et enfants).

Toutes ces émotions sont normales, se suivent généralement : sidération ou surprise
(à l’annonce de la maladie) déni de la nouvelle réalité, puis tristesse et déprime, ensuite colère allant parfois jusqu’à l’agressivité.

Au terme de ce processus de bouleversements psychiques, de changements d’attitudes,
se profile, heureusement le moment de l’acceptation du diabète avec toutes les contraintes que cela impose. Pour les personnes qui vivent avec un diabétique, il s’agit de comprendre ce mouvement émotionnel et de s’armer de patience.

Dans certains cas, une prise en charge thérapeutique s’avérer utile avec un psychologue afin de protéger le couple et la famille des débordements excessifs du diabétique.
Il prendra alors conscience de ces états émotionnels qui engendrent des modifications comportementales nouvelles et difficiles à vivre pour son entourage immédiat.

Norbert Zerah, psychologue clinicien