Une fois le choc du diagnostic surmonté, une période d’adaptation est nécessaire pour apprendre à vivre avec le diabète. Conséquemment, il est normal d’éprouver certaines émotions déstabilisantes face à cette nouvelle condition qui vient perturber le quotidien.

 

Environ 30 % des personnes diabétiques présentent des symptômes dépressifs significatifs et près de 10 % souffrent de dépression majeure, soit le double de la population n’ayant pas de problèmes de santé chroniques. Heureusement, la dépression se traite, d’où l’importance de pouvoir la reconnaître.

  

Facteurs de risque

Chez les personnes diabétiques, les facteurs de risque de dépression sont :

Sexe féminin
Adolescence, début de l’âge adulte et fin de vie
Pauvreté et manque de soutien social
Nombreux événements stressants
Mauvais contrôle du diabète
Présence de complications à long terme
Diabète de longue durée

 

Conséquences pour les personnes diabétiques

En raison du manque d’énergie et de motivation occasionnées par la dépression, les personnes diabétiques et déprimées ont plus de difficultés à se mobiliser pour prendre en charge leur maladie. Cela se traduit par un contrôle de la glycémie inadéquat de même qu’une augmentation des complications médicales. La dépression peut entraîner des problèmes psychologiques non seulement pour les personnes atteintes, mais également pour leur entourage.

 

Reconnaître la dépression

Il ne faut pas confondre les sentiments dépressifs, qui sont des émotions normales suite au diagnostic de diabète, et la dépression majeure. Lors d’une dépression majeure, les symptômes durent depuis au moins deux semaines et empêchent le fonctionnement normal (travail, vie familiale et sociale) des individus. Ces symptômes sont :

Humeur dépressive presque toute la journée (tous les jours)
Perte de plaisir ou d’intérêt à l’égard d’activités normalement agréables
Sentiment de vide, de grande fatigue
Sentiment de culpabilité ou d’inutilité
Difficulté à se concentrer et à prendre des décisions
Agitation ou impression d’être au ralenti
Troubles de l’appétit ou du sommeil
Pensées de mort récurrentes ou pensées suicidaires

 

Que faire en présence des symptômes ?

La dépression est souvent perçue comme une faiblesse de caractère et c’est pourquoi la personne déprimée a tendance à minimiser les symptômes et à s’isoler plutôt que de consulter. En présence de certains symptômes, il est important d’en faire part à votre médecin ou à un psychologue pour qu’une évaluation rigoureuse soit faite. Vous pouvez également en parler à un membre de l’équipe de soins qui pourra vous aider à évaluer la gravité des symptômes et vous renvoyer sur une aide professionnelle.

 

Traitement

Une fois diagnostiquée, la dépression se traite préférablement par des médicaments antidépresseurs et par la psychothérapie. Il est important de prendre votre médication comme prescrit (dosage, durée) et d’aviser le médecin en présence d’effets secondaires. Des suivis médicaux sont effectués périodiquement pour vérifier l’impact de la médication.

Entourage de la personne diabétique

Si un de vos proches présente des symptômes de la dépression, encouragez-le à consulter afin que la dépression puisse être diagnostiquée et traitée sans délai. Votre soutien, tout comme celui des groupes d’entraide, favorise la guérison. Rappelez-vous qu’une écoute attentive et exempte de jugement peut contribuer à son mieux-être.

 

L’annonce du diagnostic

Un choc : Le diagnostic du diabète constitue bien souvent un choc qui bouleverse la vie d’une personne. Il nécessite un travail constant d’acceptation et d’adaptation psychologique. La non-acceptation du diabète compromet la santé de la personne diabétique en nuisant à son traitement et à sa motivation pour adopter de saines habitudes de vie.

Un stress : Tout comme d’autres maladies chroniques, le diabète constitue une perte de santé physique et une menace pour la santé future en raison des complications à moyen et à long terme pouvant y être associées. Cette « épée de Damoclès» peut peser sur la personne diabétique et lui occasionner un important stress. Le stress peut avoir un impact sur le contrôle du diabète par l’impact des hormones de stress sur la glycémie ou encore par l’utilisation de stratégies ou comportements peu efficaces de gestion du stress.

Une responsabilité : De plus, le traitement complexe, exigeant et chronique du diabète est sous la responsabilité directe de la personne diabétique et nécessite une modification importante des habitudes de vie au quotidien. D’un côté, la personne diabétique est investie d’un grand pouvoir sur l’évolution de sa maladie, et de l’autre, d’une grande responsabilité à porter.

Une menace pour l’estime de soi : Enfin, le diabète peut aussi amener une atteinte à l’estime de soi, sentiment susceptible d’être renforcé par les discriminations dont peuvent encore faire l’objet les personnes diabétiques sur le plan du travail, des assurances ou encore de l’obtention d’un permis ou d’un certificat.

 

Le processus d’adaptation

Le processus d’adaptation au stress du diabète consiste en un travail d’acceptation composé des 5 stades pouvant s’apparenter à ceux du deuil. Mieux on connait le diabète et son traitement, moins on le craint, plus on est susceptible de s’impliquer dans son traitement, de le contrôler et de l’accepter.

1. Le déni de la réalité : Négation, refus de l’existence même du diabète, de son caractère chronique ou de la nécessité de son traitement. «Non, pas moi!» «C’est une erreur.» « Ce n’est qu’une hausse de sucre temporaire, je vais guérir.»

2. L’opposition et la révolte : Prise de conscience du caractère réel, sérieux et chronique du diabète suscitant une anxiété élevée et des attitudes d’opposition, voire de révolte. Sentiment d’impuissance et pessimisme quant à la possibilité de parvenir à une bonne adaptation au diabète et à ses exigences. «Pourquoi moi!» «C’est injuste, les autres sont en si bonne santé!»

Sous cette colère se cachent souvent de la tristesse, de la peur, de l’impuissance et l’impression d’être seul. N’hésitez pas à exprimer vos sentiments aux professionnels de la santé à qui vous faites confiance, de même qu’à rechercher le soutien de vos proches, de vos amis ou d’autres personnes diabétiques.

3. Le marchandage : Acceptation partielle du traitement et négociations à l’égard des composantes du traitement qui ne sont pas encore intégrées. «O.K. pour les injections ou les comprimés, mais non pour l’exercice… Il faut bien vivre!»

4. Le stade d’auto-évaluation : 

Niveau d’anxiété élevé : auto-évaluation et hypervigilance

Attitude perfectionniste à l’égard du traitement. Réactions intenses d’anxiété face aux dérapages ponctuels de la glycémie, limitation des activités sociales pour minimiser les écarts de glycémie, éventuels sentiments dépressifs et d’épuisement. «Mon contrôle doit être parfait».

Niveau d’anxiété modéré : auto-évaluation et réceptivité

Attitude positive d’acceptation à l’égard de l’information utile pour mieux comprendre et contrôler son diabète. «Je vais voir ce que je peux faire pour parvenir à mieux le contrôler et à mieux vivre avec mon diabète.»

5. L’acceptation active : L’individu prend conscience qu’il peut faire face au diabète en participant à son traitement et, en même temps, maintenir un bien-être psychologique et une vie sociale satisfaisante.

«Le diabète n’est plus un problème parce que je peux le contrôler.» «Je vis bien, avec le diabète.»

Un cheminement propre à chacun

Ce travail d’acceptation et d’adaptation ne respecte pas forcément cet ordre chronologique spécifique. Aussi, la durée de chacune des étapes dépend de plusieurs facteurs propres à l’individu et à l’environnement. Il est possible que certains individus effectuent le travail d’acceptation au cours de l’année suivant le diagnostic, alors que d’autres peuvent nier ou s’opposer à leur condition diabétique pendant plusieurs années. Par ailleurs, ce travail d’acceptation n’est jamais terminé. Certaines journées peuvent être plus difficiles que d’autres et de nouvelles contraintes (passage d’une médication orale aux injections d’insuline, diagnostic d’une complication, situations de stress tout à fait extérieures au diabète, etc.) peuvent survenir, amener des réactions appartenant aux stades précédents et ainsi réactiver le processus.