La maladie du diabétique ne supporte pas d’écart, de rupture de l’équilibre «glycémique». Sortir de cet équilibre revient à risquer une hyper ou une hypoglycémie. Le contrôle constant des facteurs de stress liés au diabète n’est pas toujours facile, ni aisé pour certains

 

Quelle action thérapeutique peut proposer le psychologue pour améliorer la gestion de ce stress ?

Celui-ci, mal maîtrisé, occasionne dans de nombreux cas de grands dommages pour le diabétique. Cumuler les traitements médicamenteux pour soigner à la fois le diabète et la santé psychique (anxiolytique, anti-dépresseur) n’est pas toujours nécessaire. Nous imaginons une prise en charge psychologique qui offre au diabétique des moyens thérapeutiques diversifiées. Ces actions proposées par le psychologue au patient visent à le rendre plus actif dans la gestion de sa maladie, de son bien-être physique et psychique. Il s’agit de donner au diabétique des possibilités nouvelles de transformer la perception qu’il a de sa maladie, d’en accepter la vérité, afin de mieux vivre avec elle.

Quelques propositions du dispositif d’accompagnement et de soutien du diabétique dans la gestion de son stress, et par conséquent dans l’amélioration de sa qualité de vie ?

Dans cette perspective, le psychologue sera conduit à :
a) Créer une relation de confiance avec son patient diabétique, indispensable à la levée des mécanismes que nous avons précédemment évoqué, c’est-à-dire dénégation, révolte, marchandage, pseudo acceptation… Ce premier travail favorise dès lors la libre expression des sentiments et des émotions vraies en lien direct avec le ressenti profond, telles que la colère, la peur, la culpabilité, la honte, l’anxiété. Le langage est une ressource dont le diabétique saura, avec l’aide de son thérapeute, tirer les plus grands bénéfices. Il s’agit ici pour le patient de mettre des mots sur son ressenti afin de stabiliser ou de faire diminuer les perturbations en cours.

b) Aider à l’acquisition et à l’intégration de toutes les informations relatives à la maladie. Le psychologue favorise la construction de compétences chez son patient afin de le préserver d’impulsions ou actions (voyage mal préparé, activité physique nocive, conflits interpersonnels, difficultés au travail) risquant de produire un déséquilibre de son métabolisme des sucres. Des informations peuvent ainsi être données, soit directement articles, études, brochures), soit indirectement sous la forme d’énoncés métaphoriques, de suggestions, ou de recours à un tiers, de structures relais.

c) Travailler avec le client diabétique sur le repérage de ses fausses croyances et idées irrationnelles (sur leur sexualité, l’alimentation, la transmission du diabète…etc ). Celles-ci le conduisent à penser et à agir de manière inappropriée avec la réalité et aboutit à de la confusion et à une augmentation du stress.

d) Encourager le patient diabétique à se faire plaisir par de nombreuses activités physiques, loisirs et à vivre toutes sortes de «petites joies», dans l’ici et maintenant. Apprendre à se faire plaisir évite au diabétique de s’enfermer dans la morosité, le mal-être et la déprime.

e) Conseiller le sujet à avoir une vie active pour lutter contre l’ennui et le désœuvrement, lesquels sont des facteurs dommageables pour la santé psychique du diabétique. La conception et la visée d’objectifs, de projets, qu’ils soient personnels ou professionnels, est de nature à maintenir et conserver un niveau d’énergie suffisant pour faire face aux épreuves et aux situations difficiles.

f) Faciliter un type d’apprentissage utile dans la maîtrise des effets négatifs du stress en lien avec le diabète, c’est celui de la relaxation. Quelle que soit la technique de relaxation adoptée (et le psychologue psychothérapeute peut en être l’initiateur) cela suffit à décélérer, à faire baisser une tension extrême consécutive à un bouleversement soudain surgissant dans la vie du patient. Quelques minutes de relaxation ont la capacité de produire immédiatement les meilleurs effets sur l’équilibre parfois mis à mal du diabétique.

 

Pour conclure

Le travail d’un psychologue expérimenté sur ces 2 types d’interventions contribue, en complément de l’indispensable traitement médicamenteux, à rendre la vie du diabétique aussi confortable et aisée que possible. Il s’agit pour lui de rompre la chaîne, le mouvement en boucle qui risque de se dérouler selon le schéma suivant : apparition de la maladie, état de stress engendré par elle, augmentation de la glycémie perturbant le métabolisme des sucres engendrant des complications, et ainsi une nouvelle augmentation du stress…

Il faut donc très rapidement arrêter le renforcement de la boucle par un traitement adapté du stress développé par le patient. Au delà de son rôle «régulateur», cet accompagnement psychologique me semble tout à fait nécessaire dans le cas du diabète. Maladie au long cours, irréversible, à investissement psychique coûteux dans la mesure ou elle sollicite de la part du sujet un «ne jamais lâcher prise» pour vivre comme les autres. Les personnes diabétiques ont besoin, selon nous, d’une aide et d’un soutien spécifique à leurs efforts permanents.

Norbert ZERAH
Psychologue clinicien, Praticien EMDR – Paris