Le surpoids et l’obésité progressent de façon dramatique chez les plus jeunes. Diabète, cholestérol, hypertension, complications cardiovasculaires guettent… En 2000, 6 % des enfants étaient en surpoids contre 15 % aujourd’hui. Les kilos en trop chez un enfant un peu rond ne sont pas qu’un problème d’esthétique. Ils sont à prendre au sérieux car ils favorisent presque toujours la survenue d’une obésité à l’âge adulte ainsi qu’une source de complications médicales et psychologiques graves. Septembre est le mois des bonnes résolutions, c’est le moment donc de responsabiliser les enfants «ronds».

 

Plus encore que pour les adultes, la qualité et la quantité de nourriture sont des facteurs importants de prise de poids. Le manque d’activité l’est tout autant : les enfants marchent moins, courent peu, font moins d’activités sportives qu’auparavant et passent de plus en plus d’heures devant la télévision, devant leur tablette, leur e-phone… en consommant des sucreries. Il est vrai que notre environnement ne nous facilite pas la tâche. L’évolution de l’offre alimentaire est telle que les produits les moins onéreux ou ceux qui sont mis le plus en avant (via les publicités) sont aussi ceux qui sont les plus énergétiques. D’autre part, le développement des transports, des jeux informatiques, la diminution du travail manuel, l’amélioration de l’habillement et du chauffage sont autant de causes qui  empêchent les enfants de «griller» leurs calories excédentaires.

Depuis 50 ans, nos modes de vie ont fondamentalement changé et beaucoup d’enfants commencent leur existence sur un mode de vie complètement sédentaire. Si nous profitons de certains progrès, notre corps paye un lourd tribut.  L’information à elle seule ne suffit pas à garder ou à retrouver un équilibre de vie. Il faut beaucoup de motivation et de structuration pour y parvenir.

 

Un problème de santé publique

La prévalence de l’obésité infantile augmente de façon alarmante dans tous les pays du monde. Si bien qu’aujourd’hui, on n’hésite pas à parler de véritable épidémie mondiale de l’obésité. La France n’échappe pas à ce phénomène et suit le modele américain ou canadien, quelques années plus tard. L’augmentation du nombre d’enfants obèses pose un vrai problème de santé publique car cette pathologie dès le plus jeune âge s’accompagne de complications susceptibles de compromettre la santé à long terme. La conséquence majeure de l’obésité infantile est sa persistance à l’âge adulte. On estime qu’un enfant qui est obèse avant la puberté a un risque de 20 à 50 % de le rester à l’âge adulte, ce risque s’élevant à 70 % après la puberté.

Pour combattre cette tendance, le gouvernement avait mis en place le PNNS (Plan National Nutrition Santé). Son but est d’inciter  les populations à mieux s’alimenter, d’informer les professionnels de santé et de sensibiliser les industriels de l’agroalimentaire. Par ailleurs, l’association EPODE (Ensemble, Prévenons l’Obésité des Enfants) a pris comme initiative, dans certaines communes,  de modifier les habitudes nutritionnelles des enfants, en particulier par le truchement des cantines scolaires. L’urgence reste de mettre en application une politique de prévention énergique dans tout le pays afin que l’obésité ne continue pas à croître au rythme des 15 % par an, tempo auquel nous atteindrions, en 2020, la situation des États-Unis, qui comptent aujourd’hui 30 % d’obèses.

 

Comment évaluer le surpoids de l’enfant ?

Actuellement, les médecins utilisent l’indice de masse corporelle (IMC) pour estimer la zone de normalité pondérale : l’obésité de l’adulte étant définie à partir d’un IMC de 30kg/m2.
Chez l’enfant, les variations de la taille et du poids au cours de la croissance nécessitent l’utilisation de courbes de référence. Ces courbes, en fonction de l’âge et du sexe, sont présentes dans les carnets de santé depuis vingt ans déjà.
L’enfant doit être pesé et mesuré chaque année et l’IMC doit être reporté sur le graphisme de corpulence du carnet de santé.
Les valeurs d’IMC situées au-delà du 97e percentile définissent une obésité.

 

Des menaces pour leur santé

L’obésité infantile est associée à un risque deux fois plus élevé de mortalité cardiovasculaire à l’âge adulte. Chez les enfants les plus âgés, on peut déjà déceler des lésions d’athérosclérose dans les artères dues à un excès de cholestérol et, chez les plus jeunes, une élévation anormale de la tension. L’épidémie d’obésité infantile est également responsable de l’émergence récente de cas de diabète de type 2 apparaissant dès l’adolescence. Cette pathologie étant associée à de multiples complications vasculaires, il est nécessaire de l’enrayer au plus tôt. Chez l’adolescente obèse, une insulinorésistance peut être associée à des troubles gynécologiques (syndrome des ovaires polykystiques). Les enfants obèses ont dans l’ensemble une puberté plus précoce que la moyenne et l’on retrouve également une augmentation de la prévalence des aménorrhées chez les jeunes filles.

La stéatose hépatique est plus fréquente chez les enfants obèses, de même que les lithiases biliaires, en particulier après la puberté. L’hypertension intracrânienne est également fortement liée à l’obésité puisque près de 90 % des enfants qui en sont atteints sont obèses.

Jusqu’à 33 % des enfants souffrant d’une obésité sévère peuvent présenter des apnées du sommeil ou des anomalies respiratoires. De plus, 80 % des enfants atteints de «Genuvarum» ou de «tibia vara» sont obèses. 50 à 70 % d’entre eux présentant une «épiphysiolyse» de la tête fémorale. Au final, le développement précoce d’une obésité s’accompagne d’une augmentation du risque de mortalité à l’âge adulte, toutes causes confondues, de 50 à 80 %.

 

Aux parents de réagir !

Le surpoids chez l’enfant n’est pas seulement un problème esthétique que l’amour parental banalise. Il concerne son avenir, sa santé et son espérance de vie. Il arrive que des parents refusent de s’avouer que leur enfant a un problème de poids. Ils commencent à s’inquiéter lorsque celui-ci est devenu franchement obèse et ne supporte plus son état du fait des problèmes de communication qu’il rencontre. Il leur sera alors plus difficile de l’aider à perdre du poids alors qu’en cas de tendance à «trop bien profiter», il est encore possible d’intervenir sur les habitudes alimentaires, de freiner en douceur les comportements boulimiques et d’encourager les pratiques sportives.

Le rôle des parents est primordial dans l’alimentation des enfants, car ils en ont bien souvent le contrôle. Ce sont eux qui font les repas et qui remplissent le réfrigérateur et les placards. C’est à eux d’inculquer de bonnes habitudes alimentaires  leurs enfants dès leur plus jeune âge. Toutefois, il est inutile de culpabiliser, de multiples raisons font qu’un enfant peut prendre du poids malgré la vigilance des parents !

Si la santé passe par l’éducation, pour obtenir des résultats positifs, il est important que la famille change également de style de vie. L’approche nutritionnelle doit être individualisée et misée sur un équilibre calorique légèrement en négatif. Il ne faut pas oublier que les kilos installés dans l’enfance se retrouveront à l’âge adulte. Et, que ce surpoids entraîne d’ors et déjà des problèmes psychologiques (mauvaise estime de soi, diminution des performances scolaires), en particulier au moment de l’adolescence.

En général, les courbes montrent que l’IMC, reflétant l’évolution de la masse grasse, augmentent la première année de la vie, puis diminuent spontanément jusqu’à l’âge de 6 ans.

À cet âge, on observe une remontée de la courbe, appelée «rebond d’adiposité». Plus ce rebond est précoce, plus le risque de devenir obèse à l’âge adulte est élevé. Si c’est le cas, il faut revoir les habitudes alimentaires de l’enfant et son mode de vie.

 

Votre enfant est trop «rond»… Comment l’aider ?

La meilleure façon de responsabiliser les enfants par rapport à leur poids, mais aussi à leur santé est de leur apprendre à bien manger dès le départ. Pour mieux les impliquer, il est nécessaire de les faire participer à l’élaboration des menus ou encore à la préparation des repas.En leur apprenant à cuisiner tout en leur expliquant les principes de base de la diététique, ils pourront acquérir de bons repères qu’ils garderont à vie…

 

RETROUVEZ LA SUITE (CONSEILS, LES PÉRIODES À RISQUES, ETC) DE CET ARTICLE DANS LE NUMÉRO 18 DE DIABÈTE MAGAZINE