Les oméga-3 sont des acides gras indispensables pour le cerveau. Des carences en apport peuvent entraîner des comportements dépressifs. Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Inserm et de l’Inra au sein de l’Unité 901 « Institut de neurobiologie de la Méditerranée » (Inserm/ Université d’Aix-Marseille) et de l’UMR 1256 « Nutrition et Neurobiologie Intégrée » (Inra/ Université de Bordeaux) met en évidence les mécanismes à la base des pathologies développée chez des souris adultes ayant un régime faible en oméga-3 depuis l’adolescence. Des thérapies ont également pu être mises au point.

 

La croissance rapide des sociétés occidentales a été associée à des changements conséquents de régimes alimentaires. L’alimentation est appauvrie en acides gras essentiels de type oméga-3, que l’on trouve en grande quantité dans les poissons gras comme le saumon, les graines de chia, la noix ou encore le soja. Ce type de régime alimentaire est un facteur de risque des troubles de la santé mentale comme la dépression ou le stress.

Il est donc nécessaire de mieux appréhender les mécanismes qui lient une alimentation déséquilibrée aux troubles mentaux.

Une équipe marseillaise de l’Inserm basée à l’Institut de neurobiologie de la Méditerranée, en collaboration avec une équipe bordelaise de l’Inra, a développé un modèle murin de carence en oméga-3 depuis l’adolescence jusqu’à l’âge adulte. Les chercheurs ont ainsi remarqué que débuter ce régime faible en oméga-3 dès l’adolescence diminue les taux d’acides gras dans le cortex préfrontal (impliqué dans les fonctions cognitives complexes comme la prise de décision, le contrôle exécutif, le raisonnement) et aussi au niveau du noyau accumbens (impliqué dans la régulation de la récompense et des émotions), se traduisant à l’âge adulte, par des comportements de type anxieux et une diminution des fonctions cognitives.

Les chercheurs se sont par la suite intéressés aux mécanismes qui sous-tendent ces résultats et ont découvert que deux formes élémentaires d’apprentissage neuronal (au niveau des synapses, les zones de communications entre neurones) sont altérées dans le cortex préfrontal et le noyau accumbens des souris déficientes en oméga-3.

Dans le but de développer des solutions thérapeutiques innovantes, les scientifiques ont démontré que deux méthodes étaient efficaces pour restaurer totalement les fonctions cérébrales des souris adultes déficientes en oméga-3 et leurs comportements émotionnel et cognitif.

«Pour cela il nous a suffi d’amplifier la capacité du récepteur (mGlu5) du glutamate (neurotransmetteur le plus important du système nerveux central) au niveau des neurones afin de rétablir les échanges, ou d’inhiber la dégradation du principal cannabinoïde naturellement sécrété par le cerveau et qui contrôlent la mémoire synaptique.» expliquent les chercheurs à la tête de l’étude, Olivier Manzoni et Sophie Layé.

Ces résultats indiquent que la nutrition est un facteur environnemental clé qui influence les fonctions cérébrales et le comportement jusqu’à l’âge adulte, bien après la fin de la période périnatale. Ces travaux ont permis l’identification de facteurs de risque nutritionnels dans les maladies neuropsychiatriques et indiquent des voies thérapeutiques nouvelles aux troubles comportementaux associés à la carence en oméga-3.

 

Les oméga-3 et gestion du stress, les liens se resserrent

La relation entre la consommation d’Oméga 3 et l’adaptation au stress ou à l’anxiété se précise. En 2011 déjà, une équipe de chercheurs de l’Inra et de l’Inserm a montré chez le rongeur qu’une faible consommation d’Oméga 3 chez les souris augmentait leur stress. Ce phénomène serait lié à l’altération de la capacité du cerveau à produire des endocannabinoïdes (cannabinoïdes endogènes), des lipides du cerveau qui contrôlent la mémoire synaptique. Pour mieux comprendre les liens entre anxiété et plasticité synaptique dépendante des endocannabinoïdes, l’équipe de chercheurs a poursuivi ses expérimentations en testant différents modèles de stress comportementaux sur les rongeurs. Ces travaux, qui révèlent que la plasticité dépendante des endocannabinoïdes dans le noyau accumbens est le substrat neurobiologique de l’anxiété, font l’objet d’un article publié le 21 juillet dans la revue Cell Reports.

Les souris ne sont pas égales face au stress. Un constat réalisé par une équipe de recherche de l’Inra et de l’Inserm qui, après avoir soumis des rongeurs à un stress chronique et mesuré les symptômes émotionnels grâce à une batterie de tests comportementaux: isolement, labyrinthe ou environnement anxiogène, a remarqué que certains animaux étaient naturellement résilients, autrement dit plus résistants au stress. Les chercheurs ont également mis en lumière que cette capacité serait due à une meilleure plasticité des neurones du noyau accumbens, une zone du cerveau impliquée dans la régulation des émotions et du stress, où les endocannabinoïdes sont des acteurs majeurs de la mémoire à l’échelle synaptique.

Pour vérifier cette relation, les souris qui présentaient des symptômes anxieux ont reçu un traitement stimulant la production d’endocannabinoïdes dans le noyau accumbens. Les scientifiques ont observé une limitation de l’anxiété chez ces souris. Ces résultats mettent en évidence pour la première fois la relation directe entre la production d’endocannabinoïdes au niveau du noyau accumbens et le développement de troubles anxieux face à un stress chronique.

Une étape est ainsi franchie dans la mise en lumière du substrat neurobiologique impliqué dans l’adaptation au stress et l’anxiété qui se développe chez certains individus en situation de stress chronique. Ils confortent l’observation précédente des chercheurs qui, dès 2011 avaient découverts que la carence alimentaire en oméga3, des molécules qui modulent la production d’endocannabinoïdes, récapitule les effets comportementaux et neurobiologiques du stress.

Ainsi, ces résultats offrent de nouvelles pistes pour développer des stratégies pharmacologiques et nutritionnelles dans la gestion du stress et de l’anxiété.

Sources : Inserm


> Oméga 3, dans quels aliments les trouver

Les poissons gras comme le saumon, le hareng, les sardines…Certaines huiles comme l’huile de colza, l’huile de noix, l’huile de soja, de foie de morue, huile d’avocat, ou tout simplement en complément alimentaire chez votre pharmacien.

Consommez suffisamment d’aliments contenant des Oméga 3 !

• L’acide alpha-linolénique (ALA), l’acide gras précurseur de la famille des Oméga 3, ne peut pas être synthétisé par notre organisme et doit donc être apporté par notre alimentation.

• Notre organisme est cependant capable de transformer l’acide alpha-linolénique en deux autres acides gras Oméga 3 : l’EPA et le DHA. Mais le processus de transformation est lent et les quantités infimes.

• L’acide alpha-linolénique (ALA) présent surtout dans les huiles végétales peu utilisées dans la cuisine occidentales, comme l’huile de colza, l’huile de lin, l’huile de noix, de germes de blé, et l’huile de soja.

EPA et DHA se trouvent surtout dans les poissons gras, saumon, hareng, maquereau, anguille, les huiles de poissons. Notre alimentation laisse peu de place au poisson, à l’huile de colza et aux autres sources d’oméga 3. Il est nécessaire de consommer chaque jour des acides gras «oméga3».

Pour cela, choisissez des aliments riches ou enrichis en acides gras Oméga 3. Il existe des matières grasses à tartiner, des huiles de cuisson, et de friture contenant des oméga 3,

Les œufs ou le lait animal sont riches en Oméga 3.