La découverte de l’enzyme G3PP par les trois scientifiques Mark Prentki, Murthy Madiraju et Yves Mugabo est une grande avancée dans la recherche pour lutter contre le diabète de type 2 et l’obésité. Mais cette découverte pourrait avoir un champs d’action plus large, comme lutter contre les maladies cardiovasculaires ou le cancer.

 

La G3PP détoxifie les sucres dans divers organes de notre corps. La découverte de Mark Prentki, Murthy Madiraju et Yves Mugabo est majeure. Ces trois scientifiques du Centre de recherche du Centre Hospitalier de l’université de Montréal, (Canada) ont identifié une enzyme, la Glycérol-3-phosphate-phosphatase (G3PP) capable de réguler le glucose dans les cellules en détournant l’excès sous forme de glycérol. Cette régulation permettra, entre autres, de prévenir la formation et le stockage excessif de lipides.

La découverte des trois chercheurs et de leur équipe pourrait permettre de mettre au point d’ici quelques années, un traitement pour le diabète de type 2, mais aussi pour combattre l’obésité, les maladies cardiovasculaires et, comme le souhaite Marc Prentki, le cancer.

Le Docteur M. Prentki, chercheur au CRCHUM et professeur de l’Université de Montréal, nous explique les répercussions d’une telle découverte.

Les plaisirs de la table, leurs promesses de bonheurs et de liberté, et leur lot d’angoisses et d’obsessions : pourrons-nous succomber aux tentations qui s’offriront à nous, petits plats et douceurs, sans en payer le prix fort pour notre ligne ?

La récente découverte d’une enzyme de détoxification du glucose ouvre opportunément de nouvelles portes pour le traitement de l’obésité et celui du diabète. Allons-nous donc enfin pouvoir manger des sucreries sans culpabiliser ?

Peut-être… un jour prochain.

Des scientifiques du Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM) ont en effet découvert l’enzyme capable de contrer les effets toxiques du sucre dans divers organes du corps. Mais il faut laisser du temps au temps et attendre les accords des administrations santé.

Cette enzyme, le glycérol-3-phosphate-phosphatase (G3PP), joue un rôle clé dans la régulation du glucose et des lipides. La G3PP peut détoxifier l’excédent de sucre des cellules, une découverte qui pourrait déboucher sur la mise au point d’un traitement pour l’obésité et le diabète de type 2.

Le sucre c’est bon, avec modération !

Le sucre, ou plus précisément le glucose, est l’un des principaux nutriments des cellules de mammifères. En sa présence, les cellules bêta sécrètent de l’insuline, les nutriments se dégradent pour produire de l’énergie et les tissus adipeux stockent des lipides. Le corps régule le glucose grâce à l’insuline, une hormone qui contrôle la production d’énergie.

Mais quand le sucre atteint un niveau trop élevé dans le sang, le glycérol-3-phosphate, dérivé du glucose (à ne pas confondre avec le G3PP : glycérol-3-phosphate-phosphatase), atteint des taux excessifs dans les cellules, ce qui peut causer des lésions à divers tissus. Ses premières victimes sont les cellules du pancréas, dans lequel se trouvent les cellules bêta qui produisent l’insuline. Le glucose n’est ainsi plus régulé : il s’agit de diabète. Les nerfs sont également fragilisés par un excès de sucre, ce qui entraîne une foule de problèmes touchant la digestion, le mouvement et même la vision.

L’ équipe du CRCHUM a constaté que la G3PP peut dégrader une grande partie de l’excès de glycérol-3-phosphate, et le détourner des cellules touchées. De cette manière, les cellules bêta pancréatiques productrices d’insuline et les divers organes seront protégés des effets toxiques d’un taux élevé de glucose.

Mais les effets de cette molécule concernent également le poids des individus concernés. Comme nous l’avons précédemment exposé, si le sucre que l’on consomme sert à produire de l’énergie pour les cellules, le surplus est stocké en graisse. Or, l’enzyme G3PP s’attaque à ce surplus de sucre durant cette dernière transformation en graisse et le convertit en glycérol. Sous cette forme, le sucre est rapidement éliminé de l’organisme. Ainsi, le corps ne forme ni ne stocke plus de lipides en excès, et réduit également la production excessive de glucose dans le foie, un problème majeur dans les cas du diabète.

Le Dr Prentki résume les bienfaits de cette molécule :  «contrôler cette enzyme pourrait diminuer non seulement les complications du diabète, mais pourrait aussi empêcher son développement si on «prévient» les patients concernés à temps. On pourrait aussi diminuer la production de graisse, qui est l’une des principales causes de plusieurs maladies cardiovasculaires».

 

Une porte ouverte

Mais les promesses du G3PP ne s’arrêtent pas là. En effet, l’enzyme pourrait être utilisée contre le cancer : «Les cellules cancéreuses ont besoin de beaucoup plus de sucre qu’une cellule normale pour se développer. Si on trouve un moyen de baisser la production d’énergie dans la tumeur, on peut diminuer sa croissance.»

À partir de cette découverte, les chercheurs veulent créer «de petites molécules capables d’activer l’enzyme G3PP». En ce moment même, l’expérimentation animale est en cours. Si celle-ci se trouvait confirmer les travaux théoriques, nous pourrions bientôt bénéficier d’un nouveau traitement de grande efficacité pour ces maladies des sociétés modernes

 

De nouvelles avenues thérapeutiques pour lutter contre le Diabète et l’obésité. Quelle est la portée de cette recherche ?

«Depuis les années 1960, il est extrêmement rare que l’on découvre une nouvelle enzyme au cœur du métabolisme des nutriments dans tous les tissus de mammifères, et il est probable que cette enzyme se retrouvera dans les manuels de biochimie», précise le professeur Prentki. «Nous avons repéré l’enzyme en cherchant des mécanismes qui permettent aux cellules bêta de se débarrasser du glucose en excès sous forme de glycérol, ajoute Murthy Madiraju. Or, ce mécanisme intervient aussi dans les cellules hépatiques, et cette enzyme est présente dans tous les tissus de l’organisme.»

Ces travaux offrent une nouvelle cible thérapeutique pour l’obésité, le diabète de type 2 et le syndrome métabolique. L’équipe de recherche s’efforce actuellement de découvrir «de petites molécules activatrices de la G3PP» pour le traitement des troubles cardiométaboliques. Ces médicaments auront un mode d’action unique et seront les premiers de leur genre dans cette classe d’agents. Il est important de mentionner que ce traitement prometteur devra d’abord être confirmé sur plusieurs modèles animaux avant qu’un médicament à usage humain puisse être mis au point.

 

À propos de l’étude

Les travaux de recherche ont été rendus possibles grâce à des subventions des Instituts de recherche en santé du Canada accordées à Marc Prentki et à Murthy Madiraju. Marc Prentki est directeur du Centre de recherche du diabète de Montréal réseau de recherche financé par le fonds d’infrastructure de la Fondation canadienne pour l’innovation.

L’équipe de recherche du CHUM comprend Yves Mugabo, Shangang Zhao, Sari Gezzar, Anfal Al-Mass, Dongwei Zhang, Julien Lamontagne, Camille Attane, Pegah Poursharifi, Jose Iglesias, Erik Joly et Marie-Line Peyot.

L’étude a été réalisée en collaboration avec Antje Gohla et Annegrit Seifried (Université de Würzburg, Allemagne)

 

À propos de l’Université de Montréal

Montréalaise par ses racines, internationale par vocation, l’Université de Montréal compte parmi les plus grandes universités dans le monde et notamment au sein de la francophonie. Elle a été fondée en 1878 et compte aujourd’hui 15 facultés et écoles. Elle forme avec ses deux écoles affiliées, HEC Montréal et Polytechnique Montréal, le premier pôle d’enseignement supérieur et de recherche du Québec et l’un des plus importants en Amérique du Nord. L’Université de Montréal réunit 2800 professeurs et chercheurs, et accueille plus de 66 000 étudiants.

N’oublions pas que les découvreurs de l’insuline de synthèse, il y a 100 ans, étaient Canadiens.

L’insuline, découverte en 1921 grâce à la collaboration aujourd’hui légendaire de Banting, Best,  MacLeod et Collip, a fait des miracles. Dans le monde entier, elle a sauvé des millions de patients d’une mort certaine.