Inexorablement, la tension monte avec l’âge : selon les estimations, de 20 à 50% des seniors de plus de 60 ans seraient concernés par l’hypertension… Les médicaments sont souvent un palliatif nécessaire, mais en dessous d’un certain seuil, une alimentation adaptée peut suffire. Elle constitue en tout cas une aide appréciable au traitement, quand celui-ci est requis. Faire attention à ce qu’on mange permet de contrôler sa tension… avec succès !

 

«13/8»… «14/9»… ces chiffres-là, et bien d’autres sans doute, vous les avez entendus maintes fois, assortis d’un commentaire rassurant de votre médecin traitant, voire, si nécessaire, assortis d’un conseil ou d’une prescription… Ils signifient tout simplement que votre pression artérielle systolique (le chiffre le plus élevé) est de 140 mm de mercure (en pratique, pour aller plus vite, on parle en cm et on dit 14) et votre pression artérielle diastolique (le chiffre le plus bas) de 90 mm Hg, soit 9.

La tension artérielle est considérée comme normale si la pression systolique est inférieure ou égale à 14 et la pression diastolique inférieure ou égale à 9. Au dessus, on est considéré comme «plus ou moins» hypertendu en fonction des chiffres. Mais attention aux simplifications hâtives : la tension varie d’un jour et même d’un moment à l’autre de la journée. Pour cerner l’hypertension dans toute sa complexité, il faut donc confirmer et affiner sa réalité par différentes mesures effectuées à plusieurs semaines d’intervalle.

 

Pourquoi combattre et traiter l’hypertension ?

Toute hypertension mérite  d’être traitée, car c’est un facteur de risque de maladie cardiovasculaire. Avec l’âge, c’est sans doute même le facteur de risque le plus important. Devant le tabac, l’alcool, l’obésité, le diabète, le cholestérol…

À 25-30 ans, une hypertension légère s’accompagne de 10% de risque d’avoir un accident cardio-vasculaire. À 65-75 ans, avec la même hypertension légère, les risques sont trois fois plus élevés (30%), avec des risques des d’accidents vasculaires cérébraux et d’insuffisance cardiaque.

À cela s’ajoutent en prime deux conséquences bien réelles de l’hypertension. L’une est connue depuis longtemps : c’est la diminution de la qualité de la vie. L’autre fait l’objet de recherches plus récentes : c’est la détérioration des fonctions cérébrales. L’hypertension tend à entraîner des lacunes et des «trous» de plus en plus pénibles à subir et à vivre.

On traite l’hypertension par l’administration de médicaments mais aussi et toujours par l’alimentation, l’exercice physique, la perte de poids, la diminution (voire la suppression) d’alcool, l’arrêt du tabac, une vie moins trépidante et moins stressante… Le traitement doit être personnalisé et adapté au style de vie de chacun pour une amélioration de la santé et une meilleure qualité de vie.

Bien entendu, les prescriptions de médicaments commencent par les doses les plus faibles et augmentent progressivement en cas de besoin. Le médecin essaie de ne prescrire si possible qu’un seul médicament, à la rigueur deux si nécessaire. Le choix des catégories de produits se fait en fonction du profil du patient, de ses contre-indications éventuelles et des médicaments qu’il prend par ailleurs.

 


> COMMENT PRENDRE EN CHARGE
L’HYPERTENSION ?

Dites-nous docteur…
Nous avons demandé au Dr M. F., chef du service de gériatrie d’un centre hospitalier, la manière dont il prenait en charge l’hypertension des plus de 60-65 ans et quelle place elle accordait dans son traitement à l’alimentation du patient.

 

Diabète Mag : Comment prenez-vous en charge l’hypertension des personnes âgées ?
Dr M.F. : Avec beaucoup de modération et de précaution. Il s’agit d’atteindre un point d’équilibre, sans excès thérapeutique. Il m’arrive souvent de devoir supprimer des médicaments antihypertenseurs chez les sujets âgés. Car certains en prennent trop, ce qui, dans certaines situations, peut provoquer une chute trop importante de la tension !

 

Diabète Mag : Quelle place accordez-vous à l’alimentation ?
Dr MF. : On doit toujours commencer par s’en préoccuper. La première question est de savoir si la personne hypertendue est sensible au sel. Il suffit de faire un test avec une semaine de «régime » hyposodé pour savoir si la tension peut baisser par ce moyen.

La seconde question est de vérifier si nos patients ont des apports en calcium suffisants. C’est important car le calcium (apporté surtout par les produits laitiers) intervient dans le contrôle de la tension artérielle. Or, à ces âges, la consommation de calcium est très souvent, hélas, insuffisante. Quoi qu’il en soit, ces mesures alimentaires peuvent tantôt éviter le traitement, tantôt l’accompagner utilement.

 

Diabète Mag : Pour les adultes d’âge moyen, on parle souvent du rôle de l’obésité et de l’alcool dans l’hypertension. Qu’en est-il chez les personnes qui vieillissent ?
Dr M.F. : Ce n’est plus tellement le problème à ces âges ! Les buveurs excessifs, en diminuant leur consommation d’alcool, font baisser leur pression artérielle. Mais ils n’ont pas une longévité importante et nous en voyons très peu qui atteignent les troisième et quatrième âges… Mais, à doses très modérées (autour de 2 verres de vin par jour), l’alcool pourrait être bénéfique pour la tension.

 

Diabète Mag : Et le poids par rapport à l’hypertension du troisième âge ?
Dr M.F. : Quant à l’excès du poids, c’est rarement primordial lorsqu’on vieillit. Il s’agit plus souvent de faire grossir que de faire maigrir !

D’autre part, il faut être prudent quand on désire faire perdre du poids à une personne du troisième âge, car on risque d’inciter sans le vouloir nos patients à mal manger, à trop diminuer la viande et les produits laitiers, bref à les amener vers la dénutrition…

Au-delà de 70 ans, maigrir ne saurait être conseillé : il faut être sûr qu’une gêne fonctionnelle ou un problème de santé l’exigent.

Seul le surpoids récent peut être freiné sans trop de risques. En revanche, il est tout à fait souhaitable de prévenir les excès de poids : c’est le rôle d’une alimentation variée et équilibrée.

 


 

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Moins de sel et plus de calcium

Un régime peu salé avec davantage de produits laitiers et de calcium sont les deux recommandations nutritionnelles classiques en cas d’hypertension.

Il y a quelques années, on était très strict pour la prescription d’un régime peu salé. On en est revenu, car les restrictions en sel n’ont pas les mêmes effets d’un patient à l’autre ; Les diabétiques, par exemple, y réagissent mieux. Au total, un tiers seulement environ des hypertendus seraient sensibles au sel… Il n’empêche que la tendance générale est à la modération, malgré les vertus culinaires et diététiques du sel. Certes, l’efficacité d’un régime peu salé est modeste, mais peut tout de même contribuer à diminuer légèrement la tension et  augmenter les effets des médicaments antihypertenseurs. Évitez donc de resaler (comme d’ailleurs de poivrer à nouveau) avant de goûter les plats… D’autre part, des études scientifiques soulignent le rôle bénéfique du calcium pour limiter la pression artérielle. On a ainsi observé dans divers groupes de population que les personnes qui avaient des apports calciques plutôt faibles avaient souvent une tension artérielle plus élevée que les autres.

Enfin, des travaux récents montrent que l’on peut notamment faire baisser la tension par une alimentation riche en produits laitiers, en fruits et en légumes… On en revient toujours aux vertus du régime crétois !

 


> CONSEILS SIMPLES

  1. Réduire considérablement votre consommation de sel.
  2. Supprimer de votre alimentation, toutes sortes de réglisses, purs ou indirectes tels que les sirops, Pastis sans alcool (ou avec alcool) et les infusions à base de réglisse.
  3. Tous les aliments très salés, tels que la charcuterie, les cacahuètes, les pistaches, les amandes grillées et salées, les chips et autres gâteaux apéritifs, les sauces, le soya asiatique, etc.  
  4. Évitez les plats cuisinés industriels, ils contiennent plus de sel que la normale. Leur préférer des aliments sans sel, à cuisiner soi même.
  5. La tension élevée engendre des maux de tête : pour y remédier, soulever légèrement le haut de votre matelas et ne soulever pas le bas du matelas.
  6. Tension haute = soulever légèrement le haut du matelas.
  7. Tension basse = soulever légèrement le bas du matelas.